Footu fric...
Qu’est donc le football devenu/ Que j’avais de si près soutenu/ Et tant aimé/ Il a été trop dévoyé/ L’argent je crois me l’a gâté/ Le sport est morte.
Pauvre Rutebeuf et pauvres amateurs d’un sport, qui n’est plus qu’une caricature de lui-même et de ses valeurs. Aujourd’hui, tombé dans des mains aussi avides de bénéfices douteux que peu soucieuses d’éthique sportive, l’ensemble du système football est un gigantesque scandale permanent, et ce à l’échelle planétaire, bien que l’Europe soit le continent le plus touché. On ne peut que constater, comme le proclame cette banderole brandie en 2021 par les supporteurs de Manchester United que le football a été « Créé par les pauvres, volé par les riches ! » Plus aucun trophée n’échappe aux grands clubs ni aux grandes nations, et pour en arriver là, un travail d’accaparement de la quasi-totalité des revenus générés par le football et ses activités connexes a été nécessaire. Le Real, le Barça, Arsenal, Chelsea, Manchester United ou City, le PSG, le Bayern, la Juventus, le Milan AC ou l’Inter et quelques autres ont fait en sortes que « La glorieuse incertitude du sport » ne soit plus qu’une plaisanterie, une fable destinée à faire rêver les enfants naïfs.
Des masses faramineuses de liquidités, à la provenance souvent douteuse, arrosent les grands clubs, les instances dirigeantes, un petit nombre de stars en shorts et nombres d’intermédiaires, d’actionnaires, d’oligarques et de régimes dictatoriaux, sans parler des mafias qui comprirent vite comment truquer les matchs et blanchir ses capitaux sales grâce à la manne inépuisable des paris sportifs et l’opacité du marché des transferts. Le pouvoir politique, ayant depuis longtemps renoncé à remettre un semblant d’ordre dans cette gabegie, laissent prospérer les arrangements entre amis et la corruption généralisée du milieu. Tout juste tente-t-il de récupérer une victoire en Coupe du Monde à son profit, quand il n’est pas trop maladroit. Quant aux médias, la plupart ressemblent aux trois singes chinois, ils ne voient rien, n’entendent rien et ne disent rien… sans rechigner à participer, à l’occasion, à la grande distribution…
En trois décennies, ce sport, le plus universel, le rendez-vous dominical des classes populaires, a totalement muté, victime, ainsi que le reste de la société, du néolibéralisme. Une idéologie morbide qui a pris les rênes des fédérations et instances supranationales, pour les transformer en machines à générer du profit, sans plus aucune référence à l’équité sportive entre clubs riches et pauvres. Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce qui explique le manque de réaction des autorités sportives et politiques devant ce désastre ?
Jérôme Latta, journaliste, cofondateur des Cahiers du football, nous offre quelques explications au cours de ce Bien au Contraire, explications développées et amplement documentées dans son ouvrage, Ce que le football est devenu, tout juste paru aux éditions Divergences. Un réquisitoire sans concession qui devrait être lu par chaque amateur de foot, par chaque supporteur fréquentant les stades ou pas, par chaque citoyen enfin puisque d’énormes sommes d’argent public sont englouties dans des partenariats public/privé destinés à la construction de stades surdimensionnés, traduire que le privé se gave des bénéfices tandis que le public assume les pertes (avec vos impôts, ceux qui font cruellement défaut aux hôpitaux et à l’école…)
Bonne écoute !
Le Livre
CE QUE LE FOOTBALL EST DEVENU - Jérôme Latta - Éditions Divergences
L’auteur
JÉRÔME LATTA est cofondateur et rédacteur en chef des Cahiers du football, un site Internet lancé en décembre 1997 qui deviendra aussi un mensuel et une revue. Journaliste indépendant collaborant notamment au Monde, il a suivi de près les évolutions du football contemporain.
Bonus
Une petite playlist en cadeau puisque le football a inspiré un nombre considérable d’artistes et est le thème central de nombre de chansons. En voici un minuscule échantillon, quinze titres, que vous pourrez écouter en lisant Ce que le football est devenu :
Joe Strummer And The Mescaleros : Tony Adams Miossec : Évoluer en 3ème division La Lucha Libre : Lev Yashin is USSR Manu Chao : La Vida Tombola Gerry & The Pacemakers : You'll Never Walk Alone Mickey 3D : Johnny Rep Half Man Half Biscuit : All I Want For Christmas Is A Dukla Prague Away Kit Lightning Seeds : Three Lions Gil Bernard : Vas-y Fontaine Gilberto Gil : Meio De Campo Renaud : J’ai raté Télé-Foot Dead Rats : Gérard Janvion Mickey 3D : La Footballeuse de Sherbrooke Catherine Ringer : Je Kiffe Raymond Usual Suspects : Rangers/Celtic
Comment écouter Bien au contraire... ?
Concrètement, en consultant la grille des programmes de Radio Évasion. L’émission est également disponible immédiatement en podcast : Écouter le podcast
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