Le 429 Le blog de Patrick Cargnelutti, auteur.
L’AFFAIRE MAGRITTE de Toni Coppers

L’AFFAIRE MAGRITTE de Toni Coppers

Par Patrick le 26/03/2021, publié dans roman, diagonale, chroniques

Le mot de la maison d’édition

L’AFFAIRE MAGRITTE - Toni Coppers - Éditions Diagonale - 349 p. février 2021 Traduit du néerlandais par Charles de Trazegnies

Couverture noire, nom de l'auteur en haut, titre au deux-tiers vers le bas, en blanc également, la forme d'un chapeau melon au-dessus, et dans cette forme, un homme marche vers la tour Eiffel dans une rue bordée d'immeubles, image dans les tons rouges,

Toni Coppers livre avec L’Affaire Magritte un palpitant thriller littéraire. Alors que son héros, l’ex-enquêteur Alex Berger, lutte contre ses démons personnels, une étrange série de meurtres se déroule entre Paris et Bruxelles. Sur les lieux du crime, on retrouve chaque fois ce mystérieux message : Ceci n’est pas un suicide.

Cet homme n’est plus un flic...

Alex Berger, Bruxellois de 45 ans, fut policier. Avant. Dans son autre vie, lorsqu’il était heureux de traquer les voyous et les criminels et qu’il filait le parfait amour avec Camille, son épouse française. Avant le 13 novembre 2015, les attentats de Paris au cours desquels Camille a été abattue devant le restaurant Le Carillon. Elle était sur le trottoir lorsque débarquèrent les assassins, sortie pour accompagner une amie qui voulait fumer, elle qui n’avait jamais tiré sur une cigarette. Camille était sans lui parce qu’il avait été retenu par un interrogatoire avec un type particulièrement retors, qui ne parlerait peut-être qu’à lui : John Novak.

Aujourd’hui, Alex n’est plus qu’une épave sur le point de sombrer, imbibé d’alcool, au fond du plus profond de la dépression, et ses séances avec le psy Léo Smits ne lui apportent pas grand réconfort. Toutes les nuits, des cauchemars abominables le réveillent, Camille est là, hachée par la rafale de kalachnikov, il la voit dans sa chambre, assise sur lui parfois, couverte de sang, l’alcool l’assomme tout au plus. Il ne s’en sort pas, les groupes de parole de victimes des attentats n’allègent en rien son fardeau. Afin de tenter de lui venir en aide, son ancien collègue et ami, le commissaire Lucas Leroux l’invite à rejoindre, en tant qu’auxiliaire, le groupe d’enquête qui vient de se former car John Novak s’est évadé de prison lors d’un transfert. De façon tout à fait incompréhensible puisqu’il devait être libéré un mois plus tard.

L’affaire se complique rapidement puisque deux femmes sont retrouvées assassinées peu de temps après cette évasion et que l’implication de Novak ne laisse guère de doute. Une Parisienne sexagénaire, propriétaire d’une galerie d’art, Claire Collinet et une femme de ménage à Bruxelles, Cécile Meurisse. Points communs entre les deux meurtres : les victimes, déposées au bord de l’eau, ont le visage recouvert d’une étoffe et l’on retrouve à côté de leur cadavre un papier où il est inscrit « Ceci n’est pas un suicide. » Les visages voilés évoquent évidemment les toiles de Magritte, tout autant que le mot paraphrasant la célèbre toile représentant une pipe.

Alex rechigne, renâcle, trop engoncé dans son mal-être pour s’intéresser à d’autres que lui, mais, bien évidemment, par amitié pour Lucas, fini par s’engager à travailler sur les différentes pistes, mais sans appartenir réellement à l’équipe, en franc-tireur. D’autres meurtres, même mode opératoire vont suivre, et Berger traquera Novak qu’il tient pour responsable de la mort de Camille puisque c’est son interrogatoire qui l’a empêché d’être avec elle à Paris ce soir-là.

Le personnage d’Alex Berger est formidablement bien trouvé, attachant en diable, on souffre avec lui de ce terrible vide que rien ne peut combler, cette mort atroce de la femme de sa vie due à une suite de hasards malheureux. Ses cauchemars l’épuisent mais s’accordent avec l’œuvre riche du peintre surréaliste, toute en symboles et en messages inconscients. Tout en cherchant le fameux point commun entre les victimes, Alex cherche également ce qu’il subsiste de lui, de sa vie, il ramasse les lambeaux de ses rêves afin d’essayer de trouver une raison de poursuivre son existence. Menée tambour battant, le récit ne manque ni de suspense ni de scènes d’action, de fausses pistes, de tout ce qui fait un bon roman policier, et, comme il a été commandé à l’auteur par la famille de René Magritte pour les 50 ans de sa mort, en 2017, l’œuvre et la biographie du peintre reste en fil rouge de début à la fin de l’énigme.

Premier roman traduit en France de Toni Coppers, très populaire en Belgique flamande, il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin, les qualités de L’affaire Magritte donnent envie de découvrir ses autres livres. Et je ne serais pas contre retrouver Alex Berger dans d’autres aventures, ce personnage fracassé, sans adopter tous les clichés du flic revenu de tout, m’a vraiment beaucoup plu.

Un très bon polar, intelligent, fort bien construit, à l’intrigue passionnante, une enquête menée par un ex-flic ayant perdu la femme de sa vie dans les attentats du 13/11 à Paris et un bel hommage à Magritte !

L’auteur

Toni Coppers est né en 1961. Il s’est fait connaître en Flandre grâce à ses romans policiers autour du commissaire Liese Meerhout. Ses derniers livres se sont vendus à plus de 20 000 exemplaires, ont été adaptés sur VTM et ont remporté de nombreux prix tels que le prix Hercule Poirot. Il doit son succès à l’ingéniosité de ses intrigues et la profondeur de ses portraits psychologiques.

La musique du livre

Francis Cabrel - La Fille qui m’accompagne

Étienne Daho - Saudade

Katrina & The Waves - Walking on Sunshine

Michael Kiwanuka - Love & Hate

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